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juillet 11, 2007

Deux pour un dans Le Soleil

Posted in: Législatif

L’été est un moment idéal pour les courrieristes parlementaires et commentateurs politiques de reprendre des sujets d’articles qui avaient été laissés sur le “back burner” durant la session parlementaire. Le Soleil publie deux articles de ce genre ce matin. D’abord, Martin Pelchat souligne à gros traits que la période des questions est essentiellement l’affaire d’une poignée de députés de chaque côté de la Chambre (soit dit en passant, n’importe qui qui écoute le moindrement la période des question comprendra que contrairement à ce que l’article laisse entendre, ce n’est pas parce qu’on pose une question qu’on “score”. La période des questions étant ce qu’elle est, c’est plutôt rare qu’un député de l’opposition ait réellement le dessus sur son adversaire ministériel. C’est donc passablement abusif de qualifier les 10 députés qui posent le plus de questions en Chambre de “meilleurs compteurs”; l’un ne va pas nécessairement avec l’autre).

Pour sa part, le chroniqueur Gilbert Lavoie explique les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées les “back-benchers” à l’Assemblée nationale, surtout dans le cas de députés nouvellement élus, des désillusions ainsi que toute la période d’apprentissage des fonctions de député à l’Assemblée nationale.

Le mercredi 11 juillet 2007

Les 10 meilleurs compteurs de la session : les pros de la question à l’œuvre

Martin Pelchat
Le Soleil
Québec

Ils avaient beau être 77 élus de l’opposition à l’Assemblée nationale, la période de questions n’aura finalement été l’affaire que d’une poignée d’entre eux.

Sur près de 600 questions au gouvernement minoritaire de Jean Charest pendant la dernière session, la moitié ont été posées par sept députés seulement. Les deux chefs des oppositions adéquiste et péquiste, Mario Dumont et François Gendron, se sont appropriés le quart des interventions.

Un relevé réalisé par la recherchiste du bureau parlementaire du Soleil, Isabelle Roy, démontre que M. Dumont, chef de l’opposition officielle, est sans surprise le « premier compteur » de la « ligue du Salon bleu », avec plus d’une centaine de questions, soit 17 % du total. Et personne ne se surprendra non plus d’apprendre que le ministre de la Santé, Philippe Couillard, a été le « défenseur » le plus occupé, lui qui a eu droit à lui seul à près du quart des attaques des deux partis (142 questions). Les critiques adéquiste et péquiste en santé, Éric Caire (La Peltrie) et Bernard Drainville (Marie-Victorin), tous deux élus pour la première fois à l’Assemblée nationale le 26 mars, ont donc eu droit à pas mal d’action pour leur baptême du feu. M. Caire est le deuxième « buteur » avec 47 questions et M. Drainville le quatrième avec 30.

Rappelons que le président de l’Assemblée nationale a décidé en mai de donner 60 % du temps de la période de questions à l’ADQ, qui a fait élire 41 députés, et 40% au PQ, qui en a 36. Avant le dernier scrutin, l’ADQ et ses cinq députés n’avaient droit qu’à l’équivalent d’une question par semaine.

Le chef parlementaire du PQ, François Gendron, s’est ainsi hissé au troisième rang des marqueurs, mais il a posé beaucoup moins de questions que son rival (44 contre 102). Les critiques des finances des deux partis, Gilles Taillon (ADQ) et François Legault (PQ), font aussi parti du Top 10 de l’opposition, avec plus d’une vingtaine de questions chacun. Les critiques en éducation, François Desrochers (ADQ) et Diane Lemieux (leader parlementaire du PQ), sont aussi du groupe.

Deux membres de ce Top 10 ne sont pas affectés à une des trois missions poids lourds de l’État que sont la santé, l’éducation et les finances. Il s’agit de Sylvie Roy, la « vétéran » députée adéquiste de Lotbinière, critique en matière de sécurité publique (21 questions), et de Sébastien Proulx, leader parlementaire adéquiste et critique en matière de réforme électorale (16). Leurs vis-à-vis péquistes, Jacques Côté et Nicolas Girard, ont eu droit ensemble à neuf questions.

Et la capitale ?

À en juger par le nombre de questions posées par les critiques de l’opposition pour la capitale nationale, Québec n’a guère attiré l’attention pendant cette première session de la 38e législature. L’adéquiste Hubert Benoît (Montmorency) n’a pris la parole qu’à deux reprises. La péquiste Agnès Maltais (Taschereau) a pour sa part eu droit à six questions.

Parmi les 10 meilleurs compteurs de l’ADQ avec 12 questions chacun, on trouve par ailleurs le président du caucus Pierre Gingras, critique en transports, et le député Richard Merlini, porte-parole en matière d’énergie, qui ont talonné le gouvernement sur l’état des infrastructures routières et les hausses du prix de l’essence. Quant au cadet de l’Assemblée nationale, le député adéquiste de Marguerite-D’Youville, Simon-Pierre Diamond, critique en environnement, il a eu droit à six questions pour faire ses classes en chambre.

Le Top 10 du PQ comprend une autre recrue, Pierre Curzi, porte-parole en matière de culture et communications, auteur de 15 questions (contre une pour son vis-à-vis adéquiste François Benjamin). La critique péquiste aux ressources naturelles, Rita Dionne-Marsolais, en a eu autant. Louise Harel (services sociaux et aînés) est du groupe avec 12 questions, suivie de Sylvain Simard (affaire intergouvernementales canadiennes) avec neuf et de Stéphane Bergeron (environnement) avec huit. Lisette Lapointe, critique en matière d’emploi et de solidarité et conjointe de l’ex-premier ministre Jacques Parizeau, a conclu sa première session avec sept interventions.

Du côté de l’ADQ, une députée, Monique Roy-Verville, critique en action communautaire, est rentrée dans sa circonscription pour l’été sans avoir pu briser la glace à l’Assemblée nationale. Neuf autres adéquistes ont dû se contenter d’une seule question.

Au PQ, le jeune député autochtone Alexis Wawanoloath (jeunesse) ainsi que Serge Deslières (loisir et sport) et Lorraine Richard (faune) n’ont pas eu leur tour. Quatre élus péquistes ont eu une seule occasion de se faire valoir.

Le mercredi 11 juillet 2007

Pitié pour vos députés

Gilbert Lavoie
Le Soleil
Québec

Ils sont arrivés à Québec pleins de bonnes intentions. Ils ont été élus le 26 mars, après une campagne électorale au cours de laquelle ils ont promis à leurs électeurs de brasser la cage, de changer les choses, de forcer le gouvernement à bouger, et qui sait, de gouverner autrement…

Depuis que l’Assemblée nationale a repris ses travaux, ils sont probablement nombreux parmi les nouveaux députés adéquistes, péquistes et libéraux, à se demander ce qu’ils font là. Parce que si leurs électeurs les voyaient, ils auraient une tout autre image de leurs élus.

Du haut de la galerie de la presse, on voit bien à quel point ces députés s’ennuient. Seuls quelques privilégiés ont le droit de poser des questions au gouvernement. Les autres sont là pour applaudir, pour le spectacle. Et quand la période de questions est terminée, il ne sont plus que trois ou quatre par parti à participer aux travaux parlementaires, à écouter des discours souvent ennuyeux. Si vous avez l’impression qu’ils sont plus nombreux en les regardant à la télévision sur le chaîne parlementaire, c’est qu’ils sont tous assis derrière l’orateur, dans le champs de vision de la caméra. Mais tous les autres sièges sont vides. Même pendant la période de questions, qui est parfois animée, certains tuent le temps en lisant les journaux, des revues, en prenant leurs courriels sur leur blackberry, ou en échangeant avec leur voisin. L’étude des projets de loi ou des crédits du gouvernement, en commission parlementaire, est plus intéressante. Mais encore là, ils doivent attendre leur tour avant de poser des questions et siéger parfois jusqu’à minuit le soir pour obtenir des explications partisanes des ministres, ou des réponses alambiquées des fonctionnaires. Pas très stimulante, la vie des députés d’opposition. Ils voulaient changer le monde, qu’ils disaient…

Avant de pleurer sur leur sort, ayez toutefois une bonne pensée pour les députés du gouvernement. C’est pire encore. Ils n’ont, à toute fins utiles, aucune possibilité de se faire valoir. Les rares interventions qui leur sont accordées à la période de questions sont en général des sujets « plantés » visant à faire valoir le beau travail d’un ministre ou les réalisations du gouvernement. Pire encore, leur rôle en commission parlementaire se borne à défendre le ministre concerné, au lieu de le cuisiner sur les faiblesses de son projet de loi. Vous pensez qu’un Yvon Marcoux, ancien ministre de la Justice et ancien haut fonctionnaire, s’amuse actuellement sur les banquettes arrières du Parti libéral ? Et vous croyez que Pierre Arcand, le député de Mont-Royal qui brassait des millions $ à la tête de Corus avant de se lancer en politique, trouve ça amusant de jouer la « plante verte » dans un parlement où il se voyait déjà ministre ?

À Ottawa, les députés ont à tout le moins la possibilité de faire du tourisme sur les nombreuses missions parlementaires qui se déplacent à l’étranger, surtout dans les pays du Sud pendant les mois d’hiver. Mais à Québec, les voyages ne sont pas très nombreux. Et dans une situation de gouvernement minoritaire, le whip exige une grande assiduité en cas de vote serré.

Ils promettaient de changer le monde, ces nouveaux élus qui siègent à l’Assemblée nationale. Ils viennent d’apprendre qu’il faut du temps, beaucoup de temps, de persévérence et de patience pour obtenir des résultats en politique. Ne soyez pas trop durs avec eux cet été. Même s’ils n’ont souvent pas grand chose d’utile à faire à Québec, ils ont, eux aussi, besoin de vacances. Et dites-vous qu’avec le temps, ils finiront bien pas faire quelque chose !


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