Partis politiques

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Introduction

À l'image des autres pays occidentaux fonctionnant sous un scrutin uninominal majoritaire à un tour, le Québec vit se former un système de partis politiques dits de "coalition" (catch-all parties), faiblement polarisés, peu nombreux et remportant la grande majorité des suffrages. C'est ainsi que durant la majorité du XIXe siècle et du XXe siècle, le Québec fonctionna sous un système bipartite, laissant peu de place aux tiers partis.

La Loi électorale et les partis politiques

Les dispositions législatives concernant les partis politiques œuvrant au niveau provincial sont contenues dans la Loi électorale. En vertu de cette loi, tout parti politique en cours de formation se doit d'être autorisé auprès du Directeur général des élections par le biais d'une "autorisation" lui permettant de solliciter ou de recueillir des contributions politiques, de contracter des emprunts ou d'effectuer des dépenses, particulièrement en campagne électorale. Ce processus, comme nous le verrons plus loin, ne constitue pas un contrôle ou une évaluation des programmes électoraux ou des politiques prônées par les partis, mais plutôt une assurance que les partis fonctionnent selon les principes généraux de démocratie et que les dispositions légales en matière de financement et de dépenses électorales soient encadrées et respectées.

Les personnes désirant former un parti politique autorisé n'ont qu'à remplir une demande d'autorisation d'un parti politique. Cette demande doit être accompagnée d'un dépôt de 500 $ ainsi que de la signature et des coordonnées d'au moins 25 électeurs par circonscription dans 20 circonscriptions (soit un minimum de 500 électeurs) qui affirment être membres ou sympathisants du parti et favorables à la demande. Enfin, dans les six mois suivant l'autorisation, le parti doit transmettre au Directeur général des élections, une copie de ses règlements dûment adoptés par les membres en assemblée générale.

Cette autorisation demeure en vigueur tant et aussi longtemps que le parti acquitte ses factures et les intérêts de ses prêts, produit les renseignements et les rapports prescrits par la Loi électorale et présente un minimum de 20 candidats à chaque élection générale.

Les Clivages politiques

À l'image de la majorité des sociétés occidentales, le clivage entre la gauche et la droite ou, en d'autres termes, les progressistes et les conservateurs, a constitué la base de formation des partis politiques. Cependant, l'importance de ce clivage fut amoindri par l'existence des partis de coalition, à l'image des partis politiques en Grande-Bretagne, au Canada et aux États-Unis. Les partis politiques du Québec sont beaucoup moins polarisés en fonction de l'axe gauche-droite par rapport aux partis politiques français ou de l'Europe continentale.

Par contre, en raison du débat entourant l'indépendance du Québec depuis plus d'une quarantaine d'années, il s'est superposé au clivage gauche-droite un autre opposant les partisans de l'indépendance à ceux du maintien du Québec au sein de la fédération canadienne (clivage indépendantisme fédéralisme). Ce clivage s'est imposé peu à peu pour prendre préséance, depuis 1981, au clivage gauche-droite, entraînant ainsi la disparition de partis politiques ambivalents ou à la position constitutionnelle modérée, tels l'Union nationale ou le Ralliement créditiste. Contrairement au clivage gauche-droite, il y a peu de place pour une position "centriste" ou "entre-deux" dans un clivage indépendance-fédéralisme.

Tableau I: Clivage gauche-droite

Clivage gauche-droite

Dans ce premier tableau, le spectre politique est subdivisé en cinq grandes catégories idéologiques: l'Extrême gauche (marxisme), la Gauche (social-démocratie), le Centre (libéralisme), la Droite (conservatisme) et l'Extrême droite (fascisme). Il est à noter que les deux extrêmes (gauche et droite) sont ouvertement anti-démocratiques et, il va sans dire, extrémistes.

Tableau II: Clivage indépendantisme-fédéralisme

Clivage	indépendantisme-fédéralisme

Dans ce tableau, les options constitutionnelles sont résumées en quatre grandes catégories. Les indépendantistes sont en faveur de l'indépendance pure et simple du Québec, sans qu'il y ait nécessairement une association économique avec le reste du Canada. Les partisans de la "souveraineté-association" sont également en faveur de l'indépendance, mais de préférence avec une association économique (union douanière, monétaire, etc.) avec le Canada. Les fédéralistes modérés sont en faveur avec le maintien du Québec au sein de la fédération canadienne. Ils croient que les Québécois forment un peuple et qu'ils devraient exercer le maximum de pouvoirs afin d'assurer le destin et le développement du Québec par le biais d'une décentralisation des pouvoirs et de la reconnaissance constitutionnelle du peuple québécois. Enfin, les fédéralistes radicaux sont favorables au statu quo constitutionnel et, parfois, ne reconnaissent pas l'existence du peuple québécois et sont partisans de la ligne dure en cas d'accession du Québec à l'indépendance (partition, guérilla juridique, etc.).

Les Principaux partis politiques

Lors des élections générales du 14 avril 2003, 9 partis politiques avaient présenté des candidats dans les 125 circonscriptions électorales du Québec. Tous n'ont cependant pas une importance équivalente.

En raison du mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour et de la forte polarisation autour de la question de l'indépendance, il s'est formé au Québec des partis politiques dits de coalition ou "catch-all parties" qui ramassent l'essentiel du support électoral. C'est ainsi que les trois principaux partis politiques, qui sont également les seuls à avoir fait élire des candidats en 2003, ont reçu 97,41 % des suffrages exprimés lors de cette élection. Ces trois partis sont le Parti québécois, le Parti libéral du Québec et l'Action démocratique du Québec.

LIBLe Parti libéral du Québec est le parti politique formant le gouvernement, avec 76 députés et de 45,99 % des voix en 2003. Ce parti, favorable au maintien du Québec au sein de la fédération canadienne, est de tendance libérale-conservatrice, ce qui le place à droite sur le spectre politique parmi les trois grands partis du Québec, mais légèrement à la gauche de l'Action démocratique.

PQLe Parti québécois, lui, forme l'opposition officielle en chambre, fort de ses 33,24 % des voix et 45 députés. Parmi les trois grands partis, il est celui qui se situe le plus à gauche sur le spectre politique gauche-droite, étant de tendance social-démocrate. De plus, ce parti est favorable à l'indépendance du Québec ou, comme on le dit là-bas, à l'accession du Québec à la souveraineté (à ne pas confondre avec le terme employé par les Pasquaiens et les autres opposants à la construction européenne en France ou en Europe).

ADQEnfin, le troisième parti politique en importance, et également le plus jeune, est l'Action démocratique du Québec, qui a obtenu, lors des deuxièmes élections générales de son histoire en 2003, 18,18 % des suffrages et 4 sièges. C'est un parti qui est légèrement plus à droite que le P.L.Q., bien qu'il défende, à l'occasion, des politiques plus proche du centre. De plus, il est favorable, sur le plan constitutionnel, à une très large décentralisation des pouvoirs en faveur du gouvernement québécois, à défaut de quoi l'indépendance du Québec constitue une option de dernier recours.

Les six autres partis politiques autorisés, qui ont accumulé tous ensemble 2,59 % des voix en 2003, sont, par ordre alphabétique, le Bloc pot, le Parti démocratie chrétienne du Québec, le Parti égalité, le Parti marxiste-léniniste du Québec, le Parti vert du Québec et l'Union des forces progressistes.

Sources

Bernard, André. 1996. La vie politique au Québec et au Canada. Sainte-Foy : Presses de l'Université du Québec.

Directeur général des élections du Québec. 1999. Loi électorale. Règlements électoraux. L.R.Q., c. E-3,3. À jour le 15 novembre 1999. Sainte-Foy: Le Directeur.

Loriot, Gérard. 1998. La démocratie au Québec : origines, structures et dynamique. Mont-Royal : Décarie Éditeur.

Pageau, Gilles, et Jacques Laflamme. 1990. Le Système électoral québécois: Manuel des connaissances de base. Quatrième édition. Sainte-Foy: Le Directeur général des élections du Québec, 1999. Coll. Études électorales.

Perreault, Charlotte, et Madeleine Albert. 1996. Cinquante ans au coeur de la démocratie : le Directeur général des élections et l'évolution de la législation électorale de 1945 à 1995. Sainte-Foy: Le Directeur général des élections du Québec. Coll. Études électorales.

Thibault, Richard. 1993. Qu'est-ce que l'Assemblée nationale?. Édition mise à jour. Québec : Assemblée nationale du Québec, Direction générale de l'information, Direction des communications et de l'accueil.

Dernière mise à jour: 20 janvier 2005

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