À lire ce matin dans La Presse: Denis Lessard présente les travaux de Mme Claire Durand, professeure au département de sociologie à l’Université de Montréal, sur les sondages électoraux. Mme Durant a d’ailleurs établi, sur la base des résultats de 2003 par circonscription, une liste des «victoires» attendues pour chaque parti le 26 mars prochain, liste que vous pouvez consulter sur le dépôt public de données de Mme Durand (cliquez ici).
Le mardi 20 mars 2007
ANALYSE
La sondeuse de sondages
Denis Lessard
La PresseTout le monde semble convaincu qu’une faible participation aux élections du 26 mars sera nécessairement une mauvaise nouvelle pour le Parti québécois. On tient aussi pour acquis, sans nuances, le nombre des sièges obtenus en 2003.
«Ces mythes m’énervent», lance Claire Durand qui, depuis des années à l’Université de Montréal, «sonde les sondages». De son oeil de «méthodologue», elle vérifie si les enquêtes d’opinion dont les médias font leurs choux gras en période électorale sont faites selon les règles de l’art.
Pour terrasser quelques impressions reçues, la chercheuse a pris le temps de refaire ces fameuses listes que les organisateurs des partis gardent précieusement dans leur poche. Ils ne montrent jamais ces palmarès des circonscriptions - elles décourageraient bien des aspirants candidats.
Les victoires, comme les défaites, sont courtes bien souvent. Cette circonscription peinte en bleu en 2003, devrait être plus foncée, et cette autre, un gain libéral, mériterait d’être rose plutôt que rouge.
Car c’est une chose d’établir le pourcentage que pourrait obtenir un parti dans l’urne le soir des élections; c’en est une autre de prédire comment ce chiffre se distribuera dans les circonscriptions.
C’est d’ailleurs pourquoi les sondeurs ont toujours rappelé que le PLQ avait besoin d’une demi-douzaine de points d’avance, pour l’emporter - une partie importante de ses partisans sont concentrés dans l’ouest de Montréal.
Pour chacun des trois principaux partis, Mme Durand a établi, circonscription par circonscription, l’ordre des «victoires» attendues le soir du 26, sur la base du vote exprimé en 2003 - la liste que les apparatchiks gardent dans leur petite poche.
Bien sûr, des courses à trois peuvent toujours brouiller les cartes. La montée de l’ADQ dans une circonscription péquiste peut, tout à coup, ouvrir la voie à un élu libéral. C’est ainsi que les libéraux soutiennent avoir des chances dans Nicolet ou dans Berthier. Dans Roberval ou Lévis, les libéraux ont été élus en 2003 grâce à une bonne performance de l’ADQ.
Premier constat, les libéraux peuvent compter sur plus de 35 circonscriptions où, en 2003, ils ont gagné avec une avance d’au moins 20 % des voix sur leur plus proche adversaire, montre le manuel Durand.
Les victoires du PQ sont moins fortes. Dans 25 des 45 circonscriptions les plus péquistes, il y a quatre ans, le gagnant avait moins de 10 % d’avance sur son plus proche adversaire.
L’ADQ, de son côté, est habituée aux courtes victoires, et plus encore aux défaites de justesse. En 2003, sur cinq élus, l’ADQ a gagné par plus de 10 % des voix seulement une fois. C’était dans Rivière-du-Loup grâce à Mario Dumont.
Comme tous les sondages montrent que l’ADQ aura plus de voix qu’en 2003 - elle avait alors recueilli 18 % des suffrages - la liste de Mme Durand montre très nettement là où l’ADQ a le plus de chances. C’était prévisible, la région de Québec s’y retrouve au complet. Mais en descendant la liste, on retrouve aussi Mirabel, René-Lévesque, Arthabaska, Saint-Maurice, Berthier, Rouyn-Noranda, Frontenac, Maskinongé.
Petits calculs intéressants : si l’ADQ parvient à faire élire ses candidats dans les 20 circonscriptions où elle a eu ses meilleurs scores en 2003, on risque de voir un gouvernement libéral minoritaire -12 de ces 20 circonscriptions appartiennent actuellement au PLQ, qui comptait 72 sièges lors de la dissolution de la Chambre.
Pour Claire Durand, quand on regarde qui l’a emporté de justesse en 2003, «on a l’impression qu’il y a une quarantaine de circonscriptions où les libéraux n’ont pas trop à s’inquiéter. Sauf dans la région de Québec, rouge en 2003, où l’on retrouve 14 des 20 «meilleurs comtés» adéquistes.
En revanche, partout ailleurs, les péquistes et les adéquistes sont, dans bien des cas, à se battre pour les mêmes sièges. «En 1973, le PQ et l’Union nationale étaient souvent dans les mêmes circonscriptions et Bourassa était passé entre les deux», se souvient-elle.
La faiblesse du PLQ chez les francophones est certes un élément défavorable, mais en 2003, cela ne l’a pas empêché de l’emporter. Il faut dire que Jean Charest avait manifestement remporté le débat télévisé, ce qui est loin d’être le cas cette année.
La théorie qui veut que plus la participation est faible plus le PQ est en difficulté, est un autre «mythe», selon la spécialiste. En apparence, cela semble pourtant évident. Les libéraux ont toujours grosso modo 1,7 million de votes dans les urnes depuis 1989. Ce score s’est vérifié en 1989, 1994, 1998 et 2003.
C’est le suffrage péquiste qui varie. Quand le PQ l’emporte, c’est qu’il a autant ou presque autant de voix que le PLQ. Quand il perd, c’est qu’il lui manque entre 400 000 et 500 000 voix le soir du vote, ce qui entraîne la participation à la baisse. L’ADQ, pour sa part, a augmenté à chaque scrutin de 200 000 voix son appui populaire.
Mais quand on scrute la participation circonscription par circonscription, on constate que c’est là où la participation a été la plus forte que le PQ a, plus souvent qu’à son tour, mordu la poussière.
Dans les 10 circonscriptions où on a voté le plus massivement, le PQ a perdu neuf fois. Et la tendance se confirme dans les 20 circonscriptions qui suivent au palmarès de la participation.
Inversement, dans les 30 endroits où la participation a été la plus faible, en 2003, le PQ a perdu un seul siège, passant de huit à sept.
Pour obtenir le palmarès Durand:www.webdepot.umontreal.ca/Usagers/durandc/MonDepotPublic/electionQc2007
7 commentaires sur Analyse de sondages »
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Commentaire par JC le Mardi 20 mars 2007 à 11:10
Il y a quelques éléments qui me font tiquer dans cette analyse… premièrement, en 1973, l’Union nationale n’avait récolté que 5% du vote et n’avait pas pesé sur le résultat de l’élection. Bourassa avait été élu avec 55% du vote et n’avait pas eu besoin de se faufiler pour gagner. Les souvenirs de la dame sont un peu embrumés.
Ensuite, certaines des meilleures circonscriptions adéquistes de 2003 (René-Lévesque, Rouyn-Noranda, Berthier, Mirabel) étaient le fait de candidats vedettes et on ne peut en conclure qu’elles seront parmi les premières à tomber dans le giron adéquiste. En 2003 et probablement encore cette année, la force de l’ADQ décroît à mesure que l’on s’éloigne de son épicentre de Québec/Chaudières-Appalaches. C’était aussi le cas du vote conservateur de 2006, sauf pour Lawrence Cannon dans l’Outaouais.
C’est un peu élémentaire de prévoir les résultats d’une élection comté par comté en faisant des transferts de voix uniformes d’une élection à l’autre. Le vote des circonscriptions n’évolue pas de manière purement mathématique.
Commentaire par CMorin le Mardi 20 mars 2007 à 15:37
Dommage que nous n’ayons pas accès aux documents cités. Le lien vers le site n’est pas fonctionnel ou l’accès a été retiré.
Commentaire par Gilles Deshaies le Mardi 20 mars 2007 à 15:57
En fait, c’est nous qui avions mal tapé le lien vers le dépôt public de données de Claire Durand. Le lien est maintenant fonctionnel.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Mardi 20 mars 2007 à 20:27
Le lien est maintenant fonctionnel mais…… il n’y a toujours pas de fichiers correspondant aux “victoires attendues” le 26 mars prochain……. Désolé
Commentaire par Gilles Deshaies le Mardi 20 mars 2007 à 21:47
Seuls Claire Durand et Denis Lessard ont la réponse, mais M. Lessard faisait probablement référence aux fichiers intitulés Vote2003_par_voteADQ.pdf, Vote2003_par_votePLQ.pdf et Vote2003_par_votePQ.pdf, où les circonscriptions sont classées en ordre décroissant en fonction du pourcentage de voix obtenues par chaque parti en 2003. En tout cas, c’est ce qui s’en rapproche le plus.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Mardi 20 mars 2007 à 23:11
L’analyse de Durand se tient selon une logique statistique, mais il y a toujours la possibilité qu’il y ait une vague adéquiste qui irait raffler les péquistes et libéraux mous étant donné l’image faiblarde de leurs leaders. Là, toute la logique du scrutin antérieur ne vaut plus. Le sondage dans la région de Québec pourrait donner des idées à bien des électeurs et faire naître la vague.
Commentaire par Chaclair Dubois le Mercredi 21 mars 2007 à 17:12