Compte tenu des réticences que semble manifester le député de Pointe-aux-Trembles, André Boisclair (PQ), à l’idée de céder son siège à la nouvelle cheffe du Parti québécois, Pauline Marois, le chroniqueur Gilbert Lavoie suggère ce matin dans Le Soleil la possibilité que cette dernière tente sa chance dans une circonscription de la région de Québec, plus précisément dans Charlevoix, dont le député, l’ex-ministre Rosaire Bertrand (PQ), avait connu des problèmes de santé l’automne dernier.
La suggestion est d’autant plus ironique qu’à l’époque où Boisclair avait été élu à la direction du Parti québécois, il avait lui-même envisagé (et bien peu de commentateurs politiques de la région avaient tenté de l’en dissuader) d’obtenir un siège à l’Assemblée nationale dans une circonscription de la région.
Rappelons que Pauline Marois, qui est originaire de Québec, avait été élue pour la première fois dans La Peltrie lors de l’élection générale de 1981 avant d’être défaite par le libéral (à l’époque) Lawrence Cannon en 1985. Par la suite, elle représenta la circonscription électorale de Taillon de 1989 à 2006.
La circonscription de Charlevoix est représentée par Rosaire Bertrand depuis 1994. Le 26 mars dernier, il avait été réélu par 1 663 voix de majorité (6,88%) sur son principal adversaire, l’adéquiste Conrad Harvey. Dans l’autre circonscription péquiste de la région, celle de Taschereau, la députée Agnès Maltais l’avait emporté par une marge plus confortable (3 178 votes ou 9,56%) sur une autre candidate de l’ADQ, Caroline Pageau. Toutefois, Gilbert Lavoie ne mentionne pas cette possibilité dans sa chronique.
Le vendredi 29 juin 2007
Marois dans Charlevoix?
Gilbert Lavoie
Le SoleilPauline Marois a réitéré jeudi qu’elle aimerait siéger à l’Assemblée nationale dès la reprise des travaux, en octobre. Quand on y pense bien, pourquoi ne serait-elle pas candidate dans Charlevoix ? Le député Rosaire Bertrand déclarait hier encore que Mme Marois devrait se présenter dans la région de la capitale. Comme disent les anglophones, « put your money where your mouth is ». M. Bertrand serait-il disposé à offrir sa circonscription à sa chef ?
Voyons un peu : Mario Dumont vient de Rivière-du-Loup, et Philippe Couillard habite Québec. Si M. Couillard devait succéder à Jean Charest, le PQ serait le seul parti dirigé par un leader montréalais. Or on a vu, aux dernières élections, à quel point la marque de commerce « Montréal » passe mal à l’extérieur de la métropole.
Pauline Marois a déjà une maison d’été dans Charlevoix. Le député Bertrand, aura 71 ans en octobre. Parions qu’il serait fort honoré de lui céder sa circonscription. Charlevoix vote péquiste depuis 1994, et M. Bertrand a obtenu une majorité de 1936 voix le 26 mars, une hausse de 563 voix par rapport aux élections de 2003. Ce n’est pas une circonscription aussi sûre pour le PQ que l’est Rivière-du-Loup pour Mario Dumont, mais ce n’est pas plus risqué que Jean-Talon pour le ministre Couillard. Et puis, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Pauline Marois a eu une conversation avec André Boisclair, mercredi. Elle semble avoir fait une croix sur la possibilité de se présenter dans sa circonscription de Pointe-aux-Trembles. M. Boisclair n’a pas de fortune personnelle, il est en recherche d’emploi, et il n’est pas enclin à remettre sa démission tant qu’il n’aura pas un revenu assuré ailleurs.
De plus, le Parti québécois ne veut pas donner l’impression aux gens de Pointe-aux-Trembles que leur circonscription est devenu la porte d’entrée de ses leaders à l’Assemblée nationale.
Le Parti québécois détient d’autres circonscriptions sûres à Montréal, dont celle de Louise Harel, qui a songé à quitter la politique à la fin du mandat précédent. Mais Mme Harel semble maintenant déterminée à rester.
Personne d’autre à Montréal ne semble enclin à quitter, et Mme Marois ne veut pas vivre le cauchemar de Lucien Bouchard, qui représentait une région éloignée comme Jonquière, lorsqu’il dirigeait le PQ. Bref, son premier choix se portera sur la région de Montréal ou celle de Québec. Pourquoi pas Charlevoix ?
Pauline Marois a montré, cette semaine, qu’elle compte imposer un grand virage au Parti québécois. Ses rencontres des derniers jours confirment le sérieux de ses intentions. Ainsi, elle a pris un repas avec Lucien Bouchard, peu de temps avant la Saint-Jean Baptiste. Or M. Bouchard est fort mal vu des péquistes orthodoxes qui ont toujours douté de ses convictions souverainistes. Et il est tout aussi mal vu des sociaux-démocrates depuis qu’il a lancé le mouvement des lucides. Par contre, Mme Marois n’a toujours pas consulté Bernard Landry, qui prêchait un interventionnisme à outrance et qui se souciait peu du déficit lorsqu’il était premier ministre. M. Landry pourra jouer les belles-mères s’il le désire, il ne sera pas dans les confidences de Mme Marois. Son absence du Capitole, mercredi soir, était significative, tout comme celle d’André Boisclair.
Au fond, Mme Marois enverrait un signal très fort si elle quittait Montréal pour se présenter dans Charlevoix. Ce serait quitter la gauche caviar du Plateau Mont-Royal, dont la pensée est souvent à des lieux des préoccupations du reste du Québec. Et si Mme Marois s’ennuie, elle pourrait toujours aller prendre le lunch chez Louise Beaudoin qui reçoit souvent ses amies de filles, les Lisa Frulla et Lise Bissonnette, dans son p’tit chalet de Charlevoix. À quatre, elles pourraient réinventer le monde.
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