Cet article publié ce matin dans Le Soleil laisse entendre que l’Action démocratique du Québec connaîtrait ces temps-ci, dans le cadre de ses activités de financement électoral, des ratées similaires à celles observées au sein du Parti québécois et du Parti libéral du Québec dans le rapport Moisan (format pdf) dévoilé par le Directeur général des élections en juin 2006.

Il convient tout de même de souligner que les faits évoqués dans Le Soleil ne démontrent pas en soi qu’il y a bel et bien eu des contributions financières illégales versées dans le cadre des activités qui y sont mentionnées.

Le jeudi 23 août 2007

L’ADQ sollicite les entreprises

Gilbert Lavoie
Le Soleil
Québec

Après avoir accusé libéraux et péquistes d’avoir reçu du financement illégal des entreprises, dans la foulée du scandale des commandites, l’ADQ se lance dans une manœuvre qui ressemble étrangement à ce que Mario Dumont dénonçait jadis. Le Soleil a obtenu copie d’une invitation lancée par Gilles Taillon aux « décideurs » pour rencontrer son chef à un dîner-bénéfice le 19 octobre à Québec. Le coût : 2000 $ la table, ou 300 $ par personne.

Au lieu de demander l’identité des donateurs, le formulaire de réservation n’exige que le nom et les coordonnées de l’organisme ou de l’entreprise qui réserve la table. Or, la Loi sur le financement des partis politiques interdit formellement les dons des entreprises : « Une contribution est un don en argent, un service rendu ou un bien fourni gratuitement par un électeur à même ses propres biens. Il est donc interdit aux personnes morales (compagnies, syndicats, etc.) d’effectuer une contribution. »

Les bons de réservation offrent même la possibilité de réserver plusieurs tables à 2000 $, alors qu’il est interdit à un particulier de donner plus de 3000 $ par année à un parti politique. Informé de cette situation, le bureau du directeur général des élections a communiqué en après-midi avec le bureau de Gilles Taillon, qui s’est engagé à joindre tous les «décideurs » sollicités pour rappeler qu’il est illégal de recevoir des dons des entreprises. On a également promis de retourner les chèques des compagnies si on en reçoit.

Pour les fins de ce reportage et avant l’appel du DGE, Le Soleil a communiqué avec le bureau de M. Taillon en s’identifiant comme un représentant d’une entreprise désireux d’acheter une table au complet. Nous avons demandé s’il était nécessaire de donner la liste des personnes présentes à notre table. On nous a répondu par la négative, mais on nous a demandé que les chèques soient émis sur des comptes personnels. « Vous arrangerez ça avec votre comptabilité, mais il nous est interdit d’accepter des chèques de compagnies », a-t-on expliqué.

Le texte d’invitation ne laisse d’ailleurs planer aucun doute sur la clientèle visée par cette collecte de fonds : « Les décideurs et les gens d’affaires ». Au bureau du DGE, on signale qu’il n’est pas illégal de solliciter les gens d’affaires, mais qu’il est interdit d’accepter des dons de leurs entreprises. En réponse à l’intervention du DGE, le bureau de M. Taillon a fait valoir que les invitations avaient été ciblées et expédiées à des gens normalement bien au fait de la Loi sur le financement des partis politiques.

Les libéraux et les péquistes sont beaucoup plus prudents à ce chapitre. Les participants qui consultent le site Internet de ces deux partis dans le but de faire une contribution financière, se font rappeler automatiquement les exigence de la Loi.

Même s’il a dénoncé le financement des autres partis, M. Dumont a démontré le printemps dernier qu’il savait lui aussi courtiser les bien nantis. Pendant que les partis négociaient l’avenir du budget à l’Assemblée nationale, le printemps dernier, il participait, dans le plus grand secret, à un souper chez le sénateur Léo Kolbert, un influent bailleur de fonds du Parti libéral au sein au sein de la communauté juive de Montréal.


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