Alors que les principaux partis politiques s’activent déjà à choisir leurs candidats en vue de la 39e élection générale, nous vous proposons un retour sur la sélection des candidats des principaux partis lors de l’élection générale du 26 mars dernier.
En principe, les statuts et règlements des principaux partis prévoient, sur papier à tout le moins, que les candidats au poste de député doivent être désignés par les militants de la circonscription. En réalité, les investitures “avec votation” (sous-entendu: où il y a 2 candidats ou plus, mais vous aurez sûrement compris cela en lisant cette expression dans son contexte) sont plutôt rares et la plupart du temps, il n’y a qu’un seule qui soit candidate pour être désignée candidate (!!!) d’un parti politique, comme en fait foi la compilation ci-dessous qui porte sur la dernière élection générale.
Parti | Nombre d’assemblées d’investiture où un scrutin a eu lieu |
---|---|
Parti québécois | 25/125: Abitibi-Est, Anjou, Arthabaska, Beauce-Nord, Bellechasse, Chauveau, Deux-Montagnes, Duplessis, Frontenac, Groulx, Iberville, Jean-Lesage, Lac-Saint-Jean, Laval-des-Rapides, Lotbinière, Marguerite-D’Youville, Mégantic-Compton, Nicolet-Yamaska, Orford, Rimouski, Roberval, Shefford, Sherbrooke, Trois-Rivières et Vanier |
Québec solidaire | 3/123: Drummond, Rouyn-Noranda—Témiscamingue et Taschereau (à cela s’ajoutent les investitures dans Arthabaska et Sherbrooke, toutes deux remportées par acclamation à la suite du désistement d’un candidat durant l’assemblée d’investiture) |
Parti libéral du Québec | 3/125: Charlevoix, Deux-Montagnes et Nicolet-Yamaska |
Action démocratique du Québec | 0/125 |
Parti vert du Québec | 0/108 |
Ainsi, dans l’ensemble des candidats des partis politiques qui étaient présents dans toutes les circonscriptions lors du dernier scrutin général (ou presque, dans le cas de Québec solidaire et du Parti vert), seulement 31 ont réellement affronté un adversaire lors d’une assemblée d’investiture, et ce en dépit du caractère démocratique de nos institutions politiques. C’est un peu comme si le principe de souveraineté populaire n’était pas pleinement intégré au sein des partis politiques lors de la désignation des candidats. Bien sûr, il y a plein de bonnes et de mauvaises raisons pour expliquer cette situation (association de circonscription inexistante, manque de candidats “potables”, consigne donnée par le chef du parti de laisser le champ libre aux députés sortants, circonscription réservée à un candidat vedette ou au contraire circonscription où le candidat d’un parti donné n’a aucune chances d’être élu, etc.), mais la situation laisse tout de même songeur. Et comme c’est la première fois que nous faisons l’exercice et qu’à notre connaissance, personne n’a compilé les assemblées d’investiture “avec scrutin” lors des élections générales précédentes, impossible de savoir s’il y a une tendance vers l’accroissement ou la diminution du nombre d’investitures avec plus d’un candidat.
Il y a tout de même un certain nombre de constats amusants à faire. Par exemple, sur les 31 candidats ayant eu un adversaire lors de leur assemblée d’investiture:
- Cinq ont été élus députés le 26 mars dernier (les candidats péquistes dans Abitibi-Est, Duplessis, Lac-Saint-Jean, Rimouski et Roberval).
- Une seule était déjà membre de l’Assemblée nationale, soit la députée de Duplessis, Lorraine Richard (PQ). Elle fut réélue le 26 mars.
- Selon les données disponibles, la totalité des candidats de l’Action démocratique du Québec et du Parti vert du Québec ont été nommés sans opposition ou “par acclamation”.
- Dans Deux-Montagnes, les deux principaux partis à l’époque ont vu s’affronter plusieurs candidats lors de leur assemblée d’investiture respective. Pourtant, c’est une candidate d’un autre parti, désignée à la dernière minute et sans opposant pour remplacer un candidat qui avait été forcé de se désister, qui siège maintenant à l’Assemblée nationale.
Ce tableau a été compilé à partir des données que nous avons recueillies tout au long de notre couverture de l’élection générale de 2007, mais comme elle était basée en grande partie sur les communiqués des partis politiques et les articles des hebdos régionnaux (qui ne se retrouvent pas tous en ligne et, soyons honnêtes, nous ne sommes pas abonnés à tous les hebdos publiés au Québec), il se peut qu’il manque des assemblées d’investiture dans notre compilation. Si c’est le cas, la section “commentaires” est là pour ça.
Tags: ADQ, assemblées d’investiture, élection générale 2007, candidats, partis politiques, PLQ, PQ, PVQ, QS, régie interne des partis politiques
9 commentaires sur Élection générale 2007: bilan des assemblées d’investiture »
Les commentaires figurant au pied des articles de ce blogue reflètent uniquement l'avis de leurs auteurs et ne sauraient impliquer la responsabilité de QuébecPolitique.com.
Wow. La démocratie en action!
Commentaire par Nicolas le Jeudi 9 août 2007 à 0:16
Dans le cas du PVQ, si plusieurs candidats voulaient se présenter dans un comté nous proposions des comtés avoisinants pour boucher les ‘trous’. Tout cela s’est fait sans pleur ou grincement de dents d’aucun des candidats potentiels.
Commentaire par Gilles le Jeudi 9 août 2007 à 16:43
En effet c’est ce que le PVQ a fait. Au début j’étais censé aller dans Charlevoix, l’on m’a envoyé dans Chauveau puis retourné dans Charlevoix car le candidat s’était désisté.
Commentaire par David Turcotte le Samedi 11 août 2007 à 19:36
@ Gilles et David: vos témoignages tendent à démontrer que la “compétitivité” dans le choix des candidats au sein d’un parti politique est en partie fonction de sa popularité. Si le parti est au plus bas dans les sondages et/ou s’il y a peu de militants, difficile de croire que les gens vont se ruer aux portes pour être candidats.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Dimanche 12 août 2007 à 22:30
Rectification. Québec solidaire, circonscription de Chambly, Alain Dubois proclamé candidat suite à un vote (même s’il était le seul candidat, il y a eu vote comme le prévoit nos statuts). Soirée d’investiture tenue le 22 février 2007. http://quebecsolidaire.net/chambly/alain-dubois-elu-candidat-pour-chambly
Merci.
Commentaire par Jocelyn Roy le Mardi 21 août 2007 à 13:48
Désolés, Jocelyn, mais le cas que vous mentionnez n’entre pas en ligne de compte. Primo, il est question ici des assemblées d’investiture où il y avait plusieurs candidats “humains”. C’est assez clair en lisant l’article, il nous semble. Secundo, peu importe qu’un aspirant-candidat soit automatiquement désigné candidat de son parti ou qu’il doive affronter “la chaise”, lorsqu’il n’y a qu’un seul candidat à une élection, celui-ci est généralement réputé avoir remporté l’élection “par acclamation” ou “sans opposition”. Même Québec solidaire reconnaît ce fait puisque dans l’article que vous citez, on présente Alain Dubois comme étant élu “par acclamation”. Tertio, si on suit votre raisonnement jusqu’au bout, il faudrait compter la totalité des 123 assemblées d’investiture de Québec solidaire comme étant des investitures “compétitives” puisqu’il y avait la possibilité de voter pour la chaise. Cela dissimulerait le fait qu’en réalité, il n’y en a eu que trois assemblées d’investiture où les militants de ce parti ont eu un choix réel entre des personnes en chair et en os.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Mardi 21 août 2007 à 16:04
Je comprend votre point et suis d’accord avec vous sur l’ensemble des points. Je tenais tout simplement à vous faire remarquer qu’il y a eu vote par l’assemblée. Les membres auraient pu rejeter la candidature de M. Dubois. Évidemment, ça nous aurait causé un problème majeur! Donc il y a eu investiture avec “votation” dans Chambly. Merci, bravo pour votre site, un des meilleurs sites politiques au Québec, sinon le meilleur.
Commentaire par Jocelyn Roy le Samedi 22 septembre 2007 à 10:17
Si vous êtes vraiment “accord avec (n)ous sur l’ensemble des points” comme vous le prétendez, alors vous conviendrez que la démocratie n’a de sens véritable que lorsqu’elle s’exerce entre humains et non entre un humain et du mobilier (”la chaise”). Vous conviendrez donc avec nous que le fait de permettre à une assemblée de voter pour “la Chaise” est essentiellement de la poudre aux yeux qu’aucun analyste politique sérieux irait jusqu’à qualifier de “votation”.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Samedi 22 septembre 2007 à 22:21
Les membres et la population (par l’entremise des journaux locaux) sont quand même informés plusieurs semaines à l’avance de la tenue de l’investiture. Das le cas particulier de Qs Chambly (et d’autres, j’en suis sûr), quelques membres de l’exécutif ont songé à présenter leur candidature mais se sont finalement ralliés derrière le candidat qui possédait les meilleures caractéristiques pour représenter le parti. Les membres auraient pu voter “contre”. Même si la “votation” n’a pas eu le poids qu’elle pourrait avoir, ce n’est tout de même pas un processus anti-démocratique. Personnellement, je questionne beaucoup plus l’élection d’un chef selon le nombre de cartes de membres vendues… si vous voyez ce que je veux dire…
Commentaire par Jocelyn Roy le Mercredi 26 septembre 2007 à 19:13