Les sondeurs ne sont pas les seuls à avoir été surpris par la tournure qu’a pris l’élection générale d’il y a deux semaines, les organisateurs politiques aussi, et selon plusieurs d’entre eux, une révision des méthodes traditionnelles pour faire sortir le vote s’impose (nous en parlions également le lendemain du scrutin):
Le lundi 09 avril 2007
LES MACHINES ÉLECTORALES
L’échec des moyens traditionnels
Michel Corbeil
Le SoleilOubliez le « pointage » et les grosses équipes pour « sortir le vote ». Élections gagnantes ne riment pas nécessairement avec gros moyens.
Pour l’élection du 26 mars, libéraux et péquistes se sont amenés avec de rutilantes machines électorales dans la grande région de Québec. Ils se sont cassé les dents sur une Action démocratique du Québec qui roulait sur de petits moyens.
Dans la même région, la mairesse Andrée Boucher a fait la démonstration qu’un politicien peut gagner sans équipe et sans argent. Sa campagne victorieuse a coûté 5000 $. En 2006, des conservateurs de Stephen Harper ont remporté une demi-douzaine de circonscriptions fédérales sans que le Bloc québécois ne sache où ils étaient sur le terrain.
Les campagnes électorales ne seront plus les mêmes, croient des stratèges et des députés, du PLQ comme du PQ. Le verdict de l’élection du 26 mars remet en question des façons de faire, a-t-on répété au Soleil, ici comme ailleurs dans la province.
En tout premier lieu, il y a le « pointage ». Cette opération consiste à repérer avant le vote les sympathisants à « la » cause, pour tout faire en vue de les amener à l’urne. Les péquistes ont consciencieusement noirci les « cartes de bingo », ces tableaux provenant du Directeur général des élections, où ils inscrivent les noms de ceux qui penchent en leur faveur, ceux qui voteront contre eux, ceux qui sont « indécis » comme les « discrets ».
Dans le langage d’un péquiste, « le PQ se cherche des amis » lorsqu’il se prête à cet exercice. Dans Louis-Hébert, à 17 h 30, 77 % des « amis » présumés avaient voté. Le hic, là comme dans bien d’autres circonscriptions, c’est que le résultat électoral infirme le pointage.
Les militants d’André Boisclair ont conduit sans le savoir des adéquistes à la boîte de scrutin. Un haut gradé libéral a confirmé que le pointage libéral a aussi fait sortir le vote de partisans du chef de l’ADQ, Mario Dumont.
« Moi, des gens qui mentent lorsqu’on fait le pointage, je n’avais jamais vu ça », a indiqué un député péquiste battu dans l’ouest de la province. « De plus en plus, le pointage ne vaut rien », a critiqué un organisateur à Québec.
Le député libéral Norm MacMillan a fait valoir que le concept de machine électorale est « dépassé. C’était ma sixième campagne électorale et sûrement ma meilleure, a commenté le représentant de Papineau. Je pense que c’est fini le pointage. On va devoir faire autre chose. J’ai gagné par 4000 voix. Mais quand tu en perds 5000 par rapport à la dernière élection… »
Norm MacMillan s’est montré décontenancé par le score de l’adversaire de l’ADQ qui a fini troisième, tout près du PQ dans Papineau. « L’adéquiste ? Zéro débat. Pas d’entrevues avec des journalistes. Pas de pancartes. Moi, j’ai rempli mes promesses dans le comté et mes… salles. »
Le président du PQ de Chaudière-Appalaches, Claude Lachance, a rapporté que son organisation avait appris du précédent scrutin. Dans Bellechasse, cette fois-ci, peu de pointage. « En 2003, on en avait fait énormément » dans Bellechasse pour finir troisième. En 2007, le PQ a fini au même rang, mais l’ADQ a détrôné le PLQ.
« On ne les voit pas, on ne les sent pas, mais ils sont là, le jour du vote, a-t-il dit des adéquistes. C’est un curieux de phénomène. Les gens ne se vantent pas de voter ADQ, mais ils sont là. »
M. Lachance croit que les campagnes électorales sont devenues des campagnes présidentielles. Les chefs dominent tout le débat. Dans Bellechasse, a-t-il avancé, le candidat adéquiste Jean Domingue l’a emporté, même s’il n’est pas du comté et inconnu de la population. « C’est une grande leçon d’humilité pour ceux qui pensent que le candidat fait une différence. »
À l’Action démocratique du Québec, Sylvie Roy, réélue dans Lotbinière, s’est rappelé avec amusement de sa campagne victorieuse en 2003. « C’était la technique de la termite. On gruge du vote un peu partout. Et puis, boom ! Ça s’effondre. Ils (péquistes et libéraux) ne m’ont jamais vu venir.
Éclipse
« Les sondages, les pointages, les machines, il ne faut pas juste penser à ça. Sinon on n’aurait pas d’élections. » D’autant plus que la technique du pointage a amené des adéquistes à se faire discrets lorsque interrogés. « Beaucoup se sont fait engueuler lorsqu’ils disaient qu’ils voteraient pour moi », a-t-elle avancé.
Les machines électorales subissent probablement une éclipse temporaire, a convenu Mme Roy. « Quand c’est serré, cela peut faire la différence. »
Pour un conseiller de Jean Charest, « c’est ce qui nous a fait gagner dans Louis-Hébert (Sam Hamad). Mais la meilleure machine électorale péquiste dans Jacques-Cartier (forteresse libérale anglophone de Montréal) perdra toujours. Il y a des mouvements contre lesquels aucune machine ne peut résister », a-t-il conclu en plaçant le 26 mars dans cette catégorie.
Norm MacMillan constate aussi qu’une marée adéquiste a monté dans plusieurs circonscriptions. « Morale de cette histoire (le résultat électoral), a-t-il ajouté, c’est que les gens nous ont dit de changer nos manières de gouverner et de faire de la politique. »
À lire également dans la série d’articles de Michel Corbeil du Soleil sur les “machines électorales”:
Tags: ADQ, élection générale 2007, comportements électoraux, DGE, organisation politique, PLQ, PQ, sondages
6 commentaires sur Faire sortir le vote »
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Je sais que ce n’est pas le bon endroit pour dire cela mais votre carte sur la page Élections 2007 indique le comté de La Peltrie et celui de Vanier sont libéraux alors qu’ils sont adéquistes.
Commentaire par Maxime L le Mardi 10 avril 2007 à 13:55
Oui, nous nous en sommes rendus compte en consultant la carte sur l’heure du lunch. L’erreur sera corrigée ce soir. Merci tout de même de nous l’avoir signalé.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Mardi 10 avril 2007 à 14:41
Désolé, je ne sais pas si vous avez les autres erreurs que j’ai trouvées mais la couronne nord et sud de Montréal est coloré comme avant l’élection, comme Joliette au PQ, Iberville au PLQ, Chambly au PLQ… Il y en a d’autres aussi dans ce secteur. Désolé encore.
Commentaire par Maxime L le Mardi 10 avril 2007 à 15:27
Erreur d’uploading de notre part. Nous n’avions pas mis en ligne la bonne version de la carte. C’est maintenant corrigé.
Pour ceux pour qui cette enfilade prend une allure ésotérique, nous parlons de la carte figurant notamment sur cette page.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Mardi 10 avril 2007 à 21:51
J’ai vu que en plus d’avoir corriger votre carte de 2007, vous avez fait la carte pour l’élection de 2003. J’aimerais savoir si vous aviez l’intention de faire d’autres cartes pour les élections précédentes aux deux dernières?
Commentaire par Benoit Chartrand le Mercredi 11 avril 2007 à 20:03
Oui, nous le ferons éventuellement, mais ce n’est pas notre “première priorité” pour les prochaines semaines.
Commentaire par QuébecPolitique.com le Mercredi 11 avril 2007 à 22:45