Nous aurons la réponse définitive à toutes nos questions à partir de 14h cet après-midi, heure prévue de l‘assermentation du nouveau Conseil des ministres. En attendant, voici ce qu‘on raconte à ce sujet dans La Presse, Le Soleil, Le Journal de Québec et Le Devoir (accès réservé aux abonnés), qui tous laissent entendre que nous aurons droit à un remaniement majeur avec beaucoup de mouvement de personnel:
Le mercredi 18 avril 2007
Nouveau cabinet: bien des mécontents à Québec
Denis Lessard
La PressePrès de la moitié du cabinet de Jean Charest, avant les élections, sera passé à l‘histoire à compter de ce matin. Pas moins de six ministres redeviendront simples députés, aujourd‘hui, pour injecter du sang neuf et réduire la taille du gouvernement. L‘opération fera bien des mécontents.
Avec la défaite de quatre ministres aux élections et les départs de Michel Audet et Margaret Delisle, près de la moitié des 25 limousines auront changé de propriétaire après la formation du gouvernement, annoncée pour 14 h aujourd‘hui.
Monique Jérôme-Forget, qui a traversé les négociations du secteur public et livré l‘entente sur l‘équité salariale, a ce qu‘elle réclamait : les Finances. Raymond Bachand souhaitait ce poste prestigieux, mais il ne sera pas trop déçu de rester dans les mêmes fonctions, au Développement économique.
Mais Philippe Couillard, qui a tenu le fort à la Santé depuis quatre ans, devra, à contrecoeur, rester à ce poste névralgique, compte tenu de la précarité du gouvernement. Le même sort attend Jean-Marc Fournier, qui réclame les Transports depuis des années. Il sera leader parlementaire, un poste qui le retiendra plus souvent qu‘à son tour à Québec. Compte tenu du poids de cette mission délicate au sein d‘un gouvernement minoritaire, il obtiendra en plus un ministère très léger – certains évoquent le Revenu.
Une autre déçue : Nathalie Normandeau, qui voulait les Ressources naturelles (poste qu‘on confie plutôt à Claude Béchard). En guise de prix de consolation, elle recevrait le titre de vice-première ministre, entend-on.
Pour faire monter quelques nouveaux visages tout en réduisant le nombre de ministres, M. Charest a dû carrément congédier plusieurs membres du gouvernement.
Première surprise, Geoff Kelley, ministre délégué aux Autochtones, est démis. Ministre très apprécié par tous ses collègues, il aura été victime de la géographie – il représentait la communauté anglophone de l‘ouest de Montréal, acquise de toute façon au PLQ.
Le même sort attendait Lawrence Bergman, autre anglophone qui représentait la communauté juive au sein du gouvernement. M. Bergman avait connu de sérieux ennuis de santé il y a quelques mois et a demandé à être relevé, indique-t-on.
Comme représentant des anglophones, le choix, semble-t-il, s‘est porté sur une femme de couleur : Yolande James, la jeune députée de 30 ans de Nelligan. Cette avocate, un nouveau visage, permettrait d‘assurer en même temps la représentation de trois groupes sous-représentés chez les élus.
Lise Thériault redeviendra elle aussi simple députée ; la déléguée aux Communautés culturelles et députée d‘Anjou était aussi desservie par la géographie.
Comme l‘avait indiqué La Presse en début de semaine, Henri-François Gautrin (Services gouvernementaux) et Yvon Marcoux (Justice) seront aussi mis sur la touche. Fort populaire auprès des agriculteurs, Yvon Vallières, atteint par le cancer il y a deux ans, aurait aussi demandé à être déchargé de ses fonctions ; il pourrait être nommé whip du gouvernement, un poste important en situation minoritaire que le vétéran député de Richmond a déjà occupé dans le passé.
Les congédiements se sont passés en matinée, au cabinet du premier ministre. En fin d‘après-midi, tout le monde s‘est transporté dans un hôtel de Sainte-Foy où, dans un deuxième temps, on a distribué les portefeuilles à ceux qui restaient au Conseil des ministres, ainsi qu‘aux nouveaux venus.
Couillard déçu
Déçu, Philippe Couillard a dû être convaincu de rester à la Santé, un service que lui a demandé Jean Charest : avec un gouvernement minoritaire et des élections probables d‘ici deux ans, il fallait maintenir une main ferme à la barre de cet important ministère.
Monique Jérôme-Forget obtiendra les Finances, comme elle le réclamait depuis quelques semaines – dès qu‘elle a vu que Raymond Bachand se pointait à l‘horizon. Certains spéculaient hier sur des scénarios où le ministre des Finances serait aussi titulaire du Trésor, un projet qui alimentait les discussions dans les coulisses encore hier soir. Car le nom du nouveau titulaire du Trésor restait une énigme hier.
Pierre Arcand, la vedette recrutée dans Mont-Royal, deviendra ministre, mais le Trésor paraît un défi énorme pour quelqu‘un qui n‘est pas familier avec l‘administration publique.
d‘autres députés seront déçus. Par exemple Christine Saint-Pierre, l‘ancienne journaliste, et Alain Paquet, qui finalement ne monterait pas au Conseil des ministres. Le sort de Pierre Paradis semblait aussi incertain- plusieurs sources étaient convaincues de le voir ministre aujourd‘hui. d‘autres prédisaient que Jean Charest ne pourrait surmonter la vieille inimitié qu‘il lui portait.
Marguerite Blais, députée de Saint-Henri-Sainte-Anne, deviendra aussi ministre, tout comme David Whissell, jusqu‘ici président du caucus.
Hamad recalé
Sam Hamad, ancien titulaire des Richesses naturelles, avait été recalé. Seul élu libéral à Québec avec Philippe Couillard, M. Hamad reviendra au Conseil des ministres, avec un portefeuille surprenant pour quelqu‘un qui a son profil économique, indique-t-on. Aussi élus en dehors de la région de Montréal, Julie Boulet et Laurent Lessard auront des promotions. M. Lessard sera à l‘Agriculture ou aux Affaires municipales.
Tout indique par ailleurs que Claude Béchard aura les Richesses naturelles, poste qu‘il convoitait, à l‘instar de Nathalie Normandeau.
Beauchamp à l‘Environnement
Jacques Dupuis sera à la Justice, et ne sera plus leader parlementaire.
Line Beauchamp quitterait la Culture pour l‘Environnement, ce qui n‘était pas son premier choix. Nathalie Normandeau resterait au Conseil des ministres, mais à des fonctions plus nébuleuses – elle obtiendrait toutefois le poste de vice-première ministre.
Le sort de Monique Gagnon-Tremblay, responsable des Affaires internationales, était incertain : des rumeurs l‘envoyaient à la présidence ou à la vice-présidence de l‘Assemblée nationale.
Le mardi 17 avril 2007
Trois ministres congédiés
Michel Corbeil et Martin Pelchat
Le Soleil
QuébecLe premier ministre, Jean Charest, a congédié hier trois de ses ministres, donné les Ressources naturelles à Claude Béchard, et confirmé Raymond Bachand dans ses fonctions actuelles, le Développement économique. M. Charest aurait également reconduit Philippe Couillard à la Santé, un dossier dont il a fait sa priorité pendant la dernière campagne électorale.
La journée a commencé sur une note aigre-douce pour M. Charest, qui a prévenu les ministres Lise Thériault (Immigration et Communautés culturelles), Henri-François Gautrin (Services gouvernementaux) et Geoffrey Kelley (Affaires autochtones) qu‘ils retournaient sur les banquettes arrière.
Des rumeurs voulaient que le ministre de l‘Agriculture, Yvon Vallières, quitte également le Conseil des ministres, mais M. Vallières a refusé hier soir de les confirmer. «J‘ai hâte de vous revoir demain», s‘est-il contenté de dire. D‘autres rumeurs envoyaient M. Vallières aux Affaires municipales.
Le maintien de M. Bachand au Développement économique permet de croire que Monique Jérôme-Forget pourrait accéder aux Finances. M. Charest donnera tout de même une promotion à M. Bachand, qui deviendra le parrain politique de la région de Montréal, en plus de conserver son ministère. Il prend le relais de Line Beauchamp, qui quitte également la Culture pour accéder à d‘autres fonctions.
Une rumeur persistante accordait par ailleurs la Justice à Benoît Pelletier, qui cumulerait ce poste avec les Affaires intergouvernementales.
Les modifications connues au Conseil des ministres permettent de croire que M. Charest abolira tous les postes de ministres délégués. Julie Boulet, déléguée aux Transports, restera néanmoins au cabinet, après avoir survécu à la vague adéquiste en Mauricie.
Dans le secret
Le remaniement ministériel, finalement annoncé pour 14 h aujourd‘hui, a été préparé dans un secret tel que certains ministres n‘ont appris qu‘hier soir ou ce matin quelles seraient leurs responsabilités au sein de ce gouvernement.
Le bureau du premier ministre n‘a confirmé qu‘à 17 h 47, hier, la cérémonie d‘assermentation, un bon deux heures après que son service du protocole eut communiqué avec les dignitaires et les amis du Parti invités à cet événement.
Les spéculations des derniers jours sur la composition de ce cabinet ont fait état du retour possible de Pierre Paradis au conseil des ministres. Il a été impossible hier soir d‘en avoir la confirmation. Le bureau de M. Charest s‘est contenté hier de confirmer que le premier ministre voyait tous les élus un à un, et que ces rencontres se faisaient à la dernière minute, afin d‘éviter les fuites. On a également mis les médias en garde contre les spéculations, en faisant valoir que de tels exercices créaient souvent de fausses attentes et des déceptions cruelles chez les candidats ministres.
Avec la collaboration de Gilbert Lavoie et Simon Boivin
Il demeure à la Santé
Charest charge Couillard de reconquérir la capitale
Michel Hébert
Le Journal de Québec
18/04/2007 07h10 – Mise à jour 18/04/2007 07h16Jean Charest a joué de prudence en confiant aux plus expérimentés de ses ministres des postes-clés dans le nouveau cabinet qui sera présenté aux Québécois, aujourd‘hui. S’il en a déçu quelques-uns, le premier ministre a fait au moins un heureux en rappelant Sam Hamad pour lui confier, a-t-on appris hier soir, un ‘ministère à caractère économique’, possiblement celui du Développement économique, qu‘occupait Raymond Bachand, promu aux Finances comme il le souhaitait.
Mais M. Hamad n‘aura pas à porter le chapeau de ministre responsable de la capitale, que Jean Charest a préféré donner à Philippe Couillard, dont le mandat sera sans équivoque: reconquérir la capitale, séduite par le discours de l‘ADQ de Mario Dumont.
Mais ‘Docteur Phil‘ n‘a pas eu la même joie que Sam Hamad puisque, selon nos informations, il s‘est vu confirmer au ministère de la Santé, fonction qu‘il assume depuis 2003, un record québécois. M. Couillard est en quelque sorte victime de son propre succès et de sa grande compétence, mais aussi, et surtout, de la défaite du médecin Yves Bolduc, défait dans Dubuc le 26 mars.
Vétéran parmi les vétérans, Yvon Vallières aurait lui aussi été confirmé à l‘Agriculture, où son style débonnaire plaît à la très puissante Union des producteurs agricoles. Même chose pour Monique Jérôme-Forget, une femme d‘une ténacité exceptionnelle que Jean Charest préfère voir au Trésor qu‘aux Relations internationales, fief de la ‘grande amie’ du premier ministre, Monique Gagnon-Tremblay
21 ministres
Pour mener un gouvernement minoritaire, M. Charest a opté pour un modèle compact: son cabinet devrait compter 21 membres, incluant lui-même. Ce choix obligeait le départ des ministres ‘délégués‘ comme Henri-François Gautrin et Geoffrey Kelley. Plus chanceuse, Julie Boulet devrait hériter du tout nouveau ministère des Aînés, tandis que la recrue Marguerite Blais serait catapultée au ministère de la Famille, de l‘Enfance.
Appréciée par Jean Charest, Line Beauchamp devrait quitter la Culture pour gérer au ministère de l‘Immigration le délicat dossier des accommodements raisonnables. Benoît Pelletier reste compétent aux Affaires intergouvernementales, mais devrait hériter en sus des Affaires autochtones, puisque Geoffrey Kelly est sur la touche. David Whissell, unique libéral des Laurentides, devrait prendre le ministère des Affaires municipales, tandis que Nathalie Normandeau passerait à l‘Environnement pour mettre en oeuvre le Plan vert et la vente du mont Orford.
Béchard aux transports
Le pugnace Claude Béchard irait aux Transports, Jean-Marc Fournier, d‘un naturel souple, prendrait l‘habit de leader parlementaire en remplacement de l‘inflexible Jacques Dupuis, qui devrait passer à la Justice. Lawrence Bergman serait renvoyé aux banquettes arrière pour céder sa place, au Revenu, à Pierre Arcand. d‘une indéfectible fidélité à Jean Charest, Norman MacMillan restera whip, poste qu‘il souhaitait garder.
Paradis: c‘est non
Quant à Pierre Paradis, son retour au cabinet était une hérésie. Ses conseillers le lui ont suggéré, mais Jean Charest ne pouvait se résoudre à faire confiance à un homme qui, il y a tout juste un mois, critiquait publiquement le bilan en santé et sa mollesse devant Ottawa.
Charest présente son nouveau conseil des ministres aujourd‘hui
Robert Dutrisac
Le Devoir
Édition du mercredi 18 avril 2007Québec — Le premier ministre Jean Charest s‘activait hier à composer son nouveau conseil des ministres, un véritable casse-tête compte tenu du nombre considérable d‘élus de son parti issus de l‘île de Montréal et de son corollaire: la faible présence libérale dans les autres régions du Québec.
C‘est à 14h aujourd‘hui que Jean Charest présentera le conseil des ministres de son gouvernement minoritaire. On s‘attend à ce que le nombre des ministres, qui était de 26 au moment du déclenchement des élections, diminue de cinq ou six.
Déjà , on sait qu‘en raison de cette forte représentation montréalaise — 20 des 48 députés libéraux viennent de l‘île de Montréal — certains ministres de l‘ancien gouvernement Charest redeviendront de simples députés, surtout qu‘il faut faire place à quelques nouvelles recrues. C‘est le cas du député de Verdun, Henri-François Gautrin, qui est ministre des Services gouvernementaux. M. Gautrin a appris hier la mauvaise nouvelle de la bouche du premier ministre, a-t-il confirmé à un journaliste de TVA qu‘il a croisé au parlement. La députée d‘Anjou, Lise Thériault, qui assume les responsabilités de l‘Immigration et des Communautés culturelles, subirait le même sort.
La rumeur envoie l‘actuelle présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, au ministère des Finances tandis que Raymond Bachand conserverait son portefeuille du Développement économique, de l‘Innovation et de l‘Exportation. On s‘attend à ce que, malgré ses nombreux appels du pied, Philippe Couillard, qui brûle de changer de ministère, reste ministre de la Santé et des Services sociaux.
En matière d‘économie, ça se bouscule au portillon puisque bon nombre d‘élus libéraux ont un profil qui les prédestine à un ministère à vocation économique. C‘est le cas de deux nouvelles recrues-vedettes: la députée de Laporte, Nicole Ménard, qui était vice-présidente de la Banque de Montréal, et le député de Mont-Royal, Pierre Arcand, l‘ancien président de Corus Québec. Le député de Laval-des-Rapides, l‘économiste Alain Paquet, fait aussi partie du nombre. Mais à moins de multiplier le nombre de ministres délégués à saveur économique, Jean Charest aura du mal à satisfaire tout ce monde.
La fonction de leader parlementaire, cruciale pour un gouvernement minoritaire, pourrait revenir à Jean-Marc Fournier, jugé plus souple que le leader sortant, Jacques Dupuis. M. Fournier pourrait obtenir en outre le portefeuille des Transports tandis que l‘actuelle ministre de la Culture et des Communications, Line Beauchamp, pourrait le remplacer à l‘Éducation.
Des rumeurs veulent que le mouton noir Pierre Paradis, député de Brome-Missisquoi, soit réhabilité par Jean Charest et accède au saint des saints. Un geste étonnant. C‘est comme leader parlementaire que M. Paradis serait le plus efficace, mais on peut se demander si Jean Charest est prêt à lui faire confiance.
Bien vue par l‘entourage de Jean Charest, la ministre de l‘Emploi et de la Solidarité sociale, Michelle Courchesne, pourrait obtenir une promotion. Cette ancienne sous-ministre à la Culture pourrait accéder à la présidence du Conseil du trésor, a-t-on avancé.
En outre, le poste de ministre de la Famille irait comme un gant à la communicatrice Marguerite Blais, la recrue-vedette élue dans Saint-Henri-Sainte-Anne.
La ministre des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau, a bien fait à ce poste, juge-t-on, mais elle pourrait se retrouver aux Ressources naturelles et à la Faune. L‘actuel ministre du Développement durable, de l‘Environnement et des Parcs, Claude Béchard, pourrait se défaire du dossier épineux de la privatisation du parc du Mont-Orford en succédant à Mme Normandeau aux Régions.
Pour pallier la sous-représentation du Parti libéral en dehors de la grande région de Montréal — 18 des 48 députés proviennent des autres régions –, Jean Charest fera une place au conseil des ministres à des députés comme David Whissel, dans Argenteuil (ouest du Québec), Julie Boulet, dans Laviolette (Mauricie) et Sam Hamad, dans Louis-Hébert (Québec). On s‘attend aussi à ce que le député de Richmond, Yvon Vallières, demeure ministre de l‘Agriculture et que le député de Frontenac, Laurent Lessard, conserve la responsabilité du Travail.