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Les causes de la percée adéquiste selon les sondages

On a toujours cru que c‘était les indécis et les discrets qui décidaient du résultat d‘une élection parce qu‘ils seraient «influencés» par les résultats des sondages. Apparemment, ce serait plutôt les partisans déclarés d‘un parti politique donné qui voteraient en fonction des sondages pour des raisons «stratégiques». Et ce serait (entre autres) des partisans libéraux qui, croyant la victoire de leur parti dans la poche dans les derniers jours de la campagne électorale de 2007, auraient propulsé l‘Action démocratique du Québec à l‘opposition officielle. C‘est ce que tendrait à démontrer une étude de Claire Durand, professeure en sociologie à l‘Université de Montréal et spécialiste des sondages d‘opinion, dont on parle aujourd‘hui dans La Presse. La méthodologie y est expliquée très sommairement, mais en gros, Mme Durand et son équipe auraient posé un certain nombre de questions dans le cadre de 2 sondages CROP réalisés pendant la campagne électorale, puis ils auraient interrogé directement un certain nombre de répondants après l‘élection.

Si nous mettons la main sur l‘étude complète, nous vous en informerons. Poursuivez la lecture de «Les causes de la percée adéquiste selon les sondages»→

Les tiers partis et le système politique

Autre analyse d‘un universitaire ce matin dans les journaux. Cette fois-ci, c‘est Jean-Herman Guay, professeur en science politique à l‘Université de Sherbrooke, dans La Presse, qui traite de l‘émergence des tiers partis ces dernières années au Québec (parmi lesquels il inclut l‘ADQ) ainsi que sur les conséquences de ce phénomène sur le système politique et électoral québécois.

Le mardi 06 mars 2007

Le vote antisystème

Jean-Herman Guay
L‘auteur est politologue à l‘Université de Sherbrooke.

Depuis presqu‘un an, sondage après sondage, Québec solidaire récolte au moins 5 % des intentions de vote. La grande enquête menée la semaine dernière par Léger Marketing auprès de plus de 3000 personnes confirme cette situation des derniers mois. Du côté du Parti vert, le phénomène est analogue.

En gros, un répondant sur 10 boude les équipes de Messieurs Charest, Boisclair et Dumont pour appuyer une nouvelle formation. Le phénomène n‘est plus marginal.

Quand on examine les résultats des deux principales maisons de sondage sur plusieurs années électorales, la tendance s‘impose encore plus clairement : l‘électorat se fragmente toujours un peu plus. En 1998, les petits partis n‘obtenaient pas 1 % des intentions de vote ; en 2003, ils étaient à 3 %; en 2006, c‘est 12 % ! Signe des temps : ils ont maintenant des candidats et candidates dans presque toutes les circonscriptions.

Avec la montée de l‘ADQ, depuis 1994, il semble bien que le temps du bipartisme est révolu. Il y a 25 ans, lors de l‘élection de 1981, les deux principaux partis avaient récolté 95 % des votes. En 2003, ils ne récoltaient pas 80 % des appuis. Bref, le paysage politique n‘est plus ce qu‘il était.

Première conséquence : l‘obtention d‘une majorité absolue de votes pour un parti, et non d‘une simple pluralité, est devenue rarissime. De 1867 à 1966, à l‘occasion des 28 premières élections générales québécoises, on a pu voir un parti franchir la barre du 50 % des suffrages dans 22 cas. Aux neuf dernières élections, soit depuis 1970, cette barre n‘a été atteinte qu‘à deux reprises ! Jusqu‘à présent, l‘effritement de la majorité des votes n‘avait pas eu de conséquence significative sur l‘obtention d‘une majorité de sièges. Cette fois, le phénomène est tel que l‘hypothèse d‘un gouvernement minoritaire n‘est plus farfelue. Deuxième conséquence : les campagnes électorales sont plus éclatées. Le combat de deux « coqs » – le rouge et le bleu – est remplacé par un jeu où les partis doivent surveiller deux, voire trois concurrents simultanément. C‘est particulièrement vrai pour André Boisclair puisqu‘il peut perdre sur trois de ses flancs : à gauche avec Québec solidaire, à droite avec l‘Action démocratique et sur la thématique environnementale avec les Verts. Avec des coudées moins franches, il est plus difficile de guerroyer contre le principal adversaire, les libéraux. L‘interaction des joueurs est alors plus complexe. Dans le cadre d‘une telle campagne, pas étonnant que 45 % des gens estiment qu‘ils peuvent encore changer d‘idée !

Troisième conséquence : la montée des petits partis – de droite ou de gauche – s‘inscrit habituellement dans une contestation plus profonde du système politique. C‘est le cas en France, mais aussi au Pays-Bas et au Danemark. « Vote de protestation » et « vote antisystème » sont les termes utilisés pour désigner ce comportement électoral qui consiste à appuyer des partis qui n‘ont aucune chance de former le gouvernement ni même, dans certains cas, d‘obtenir des sièges. L‘expression d‘un ras-le-bol devient plus important que le choix des gouvernants. Ce phénomène se combine au cynisme, à la chute du taux de participation, à la brièveté des lunes de miel et au niveau d‘insatisfaction élevé à l‘endroit des gouvernements.

Contraction du vote

Les deux dernières semaines vont cependant être difficiles pour les petits partis. Leur vote risque de se contracter parce que le système exercera son emprise de plusieurs manières. d‘abord, n‘ayant que fort peu de ressources financières, leur faible visibilité aux abords des rues et des routes et la quasi absence de «spots» publicitaires dans les médias pourraient leur nuire à quelques jours du vote. «Sont-ils dans la course ?» se diront certains.

Ensuite, et bien que l‘on puisse convenir qu‘un échange à cinq est laborieux et souvent ennuyant, l‘absence de Françoise David et de Scott McKay au débat des chefs du 13 mars, comme des grandes émissions d‘affaires publiques, pourrait faire perdre des milliers de votes à ces formations et les ramener dans la marginalité.

Mais ce qui risque surtout de faire mal aux petits partis, c‘est le vote stratégique découlant de la logique du mode de scrutin. Il est à prévoir qu‘un certain nombre d‘électeurs vont finalement voter pour le Parti québécois, se disant qu‘un vote pour Québec solidaire ou les Verts, pourtant plus proches de leurs valeurs personnelles, sera «gaspillé» et risque même de «faire passer» le candidat libéral ou adéquiste dans leur circonscription. Craignant que leur vote ne favorise des candidats dont le programme est aux antipodes de leurs convictions, ils vont mettre de côté leur premier choix, et se rabattre sur le péquiste, pas si loin de leur position politique ! Méchant dilemme.

Combien coûteront ces effets de système aux Verts et à Québec solidaire ? Impossible de le prédire. Le niveau d‘appui dans les sondages nous amène cependant à croire que toute variation en deçà de 10 % sera essentiellement attribuable au système. Pas étonnant qu‘ils veuillent le changer !

Portrait des partisans de Québec solidaire et du Parti vert

Le Parti vert du Québec et Québec solidaire recueillent depuis le début de 2006 de 9 à 18% des intentions de vote dans les sondages. Dans ce contexte, le sondage CROP paru hier dans La Presse contient des informations intéressantes sur les caractéristiques des partisans de QS et des Verts et de leur degré d‘appui:

  • vote stratégique: 35% des partisans de QS reconsidèreraient leur choix si leur vote contribuait à faire élire le candidat libéral dans leur circonscription. Aucune information n‘a été rendue publique concernant les partisans des Verts;
  • question nationale: 79% des partisans de Québec solidaire voteraient oui si on reposait la question de 1995 sur la souveraineté-partenariat (étant donné que les intentions de vote ont baissé de 7 à 4% en un mois et que les intentions de vote pour les Libéraux ont augmenté de 5% durant cette période, on peut se demander si cette hausse ne résulte pas de gauchistes fédéralistes ayant transféré leur appui de QS vers les Libéraux, les gauchistes souverainistes n‘ayant pas encore fait un tel transfert vers le PQ). Chez les partisans du Parti vert, 43% voteraient oui et 53% voteraient non;
  • scène fédérale: 57% des partisans de QS appuient le Bloc québécois sur la scène fédérale. Les chiffres pour les partisans du Parti vert du Québec ne sont pas disponibles, mais on peut présumer qu‘une part appréciable d‘entre eux appuient également le Parti vert du Canada.

Il y a toutefois lieu d‘interpréter ces chiffres avec prudence car ils reposent sur des sous-échantillons de très petite taille (quelque 8% d‘appuis déclarés pour le PVQ et 3% pour QS avant répartition des indécis sur 1000 répondants, soit environ 110 personnes au total), d‘où une marge d‘erreur très élevés pour ces sous-échantillons (plus de 10%).