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Le comportement électoral des Québécois

Les politologues Éric Bélanger (Université McGill) et Richard Nadeau (Université de Montréal), ont publié récemment une rareté au Québec: un ouvrage scientifique portant sur les comportements électoraux au Québec. Nous disons bien rareté puisqu’il existe peu d’ouvrages généraux en science politique consacrés à la problématique des comportements de l’électorat québécois sur la scène provinciale, à part peut-être Comportement électoral au Québec, qui date de 1984, et quelques ouvrages qui se concentrent sur un seul scrutin (élection générale ou référendum). L’inexistence d’une étude électorale québécoise n’est certainement pas de nature à nous aider à avoir un portrait sérieux et constant des principaux déterminants du vote au sein de l’électorat québécois.

Aussi, souhaitons que l’ouvrage de Bélanger et Nadeau, qui ont tous les deux consacrés leurs travaux sur le vote et sur la politique canadienne et québécoise, soit le premier jalon vers une étude plus systématique des comportements électoraux des Québécois et vers l’établissement d’une véritable étude électorale québécoise inspirée du modèle américain ou britannique (Richard Nadeau a d’ailleurs un des codirecteurs de l’Étude électorale canadienne il y a quelques années).

Nous ne manquerons pas de commenter cet ouvrage lorsque nous en aurons terminé la lecture, qu’il suffise de préciser pour l’instant que l’ouvrage porte sur les élections générales de 2007 et 2008 et que les observations des auteurs sont basées sur des enquêtes réalisées immédiatement après chaque scrutin. En attendant, voici la recension qu’en a fait le chroniqueur Louis Cornellier du Devoir il y a une dizaine de jours.

Richard Nadeau et Éric Bélanger (2009), Le comportement électoral des Québécois, Montréal: Presses de l’Université de Montréal, ISBN 978-2-7606-2132-9. Poursuivez la lecture de «Le comportement électoral des Québécois»→

Voter, c‘est génétique?

C‘est ce qu‘avancent deux politologues de UCSD (University of California, San Diego), James H. Fowler et Christopher T. Dawes, dans 2 études parues cet automne (Laura Baker, du département de psychologie de USC, est co-auteure d‘un des 2 articles). Le résumé de l‘étude «The Genetic Basis of Political Participation» se lit comme suit:

The decision to vote has puzzled scholars for decades. Theoretical models predict little or no participation in large population elections and empirical models have typically explained only a relatively small portion of individual-level variance in turnout behavior. However, these models have not considered the influence of genetic variation on voting. Matching public voter turnout records in Los Angeles to a twin registry, we study the heritability of political behavior in monozygotic and dizygotic twins. The results show that the decision to vote is significantly influenced by genetic factors. We also replicate these results with data from the National Longitudinal Study of Adolescent Health and show that they extend to a broad class of acts of political participation. Our findings suggest that humans exhibit genetic variation in their tendency to participate in political activities and, more importantly, that biological evolution may play an important role in the development of mechanisms that help humans overcome social dilemmas.

Par ailleurs, dans «Two Genes Predict Voter Turnout», Fowler et Dawes vont plus loin et vont jusqu‘à identifier les gênes qui, selon eux, et en combinaison avec des facteurs de l‘environnement social (on ne va pas jusqu‘à expliquer des comportements politiques uniquement par déterminisme génétique, tout de même), contribueraient à augmenter la participation électorale en raison de l‘influence qu‘ils exerceraient sur les processus neurochimiques qui influencent les comportements sociaux. Ainsi, il semble que les gênes MAOA et 5HTT auraient une influence sur l‘augmentation du taux de participation au sein d‘une population donnée.

En voilà une hypothèse qui fera jaser dans les milieux académiques. À suivre…

Les 2 articles (The Genetic Basis of Political Participation et Two Genes Predict Voter Turnout) sont disponibles sur le site Web de James Fowler en format pdf.

(trouvé via Election Law et The Monkey Cage)

À soir, on fait peur au monde!

C‘est la réflexion qui nous est venue à l‘esprit en lisant cette nouvelle faussement alarmiste du Journal de Montréal portant sur les résultats d‘une étude les connaissances politiques des jeunes Nord-Américains et qui rapporte notamment que les jeunes Québécois ayant participé à l‘étude ont obtenu une moyenne de 43% à un examen portant sur leurs connaissance politiques. Or, la fameuse théorie du verre à moitié vide ou à moitié plein s‘applique très bien ici: d‘une part, les jeunes Québécois font moins bien que les jeunes Européens; d‘autre part, les jeunes Québécois font mieux que les jeunes Canadiens ou Américains. Désolez-vous ou consolez-vous, c‘est votre choix. Visiblement, le titreur du JdM a fait son choix: «Ignorante jeunesse», ça a le mérite d‘être clair.

Mais le «faussement alarmiste» que nous déplorons ne provient pas tant des résultats de l‘étude citée que du traitement de la nouvelle par le Journal de Montréal. Les phrases du style «dont le journal a obtenu copie», sans trop préciser la source de l‘étude (on nomme et cite Henry Milner tout de même) donnent l‘impression que ça leur avait été envoyé dans une enveloppe brune par un whistleblower sous le nez des services secrets alors qu‘en réalité, il s‘agit d‘une étude de l‘Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) qui a été dévoilée à la mi-novembre avec communiqué de presse et tout ça (format pdf) et dont le dévoilement était attendu depuis plusieurs mois (nous en parlions déjà en août dernier).

L‘étude en question s‘intitule «Political Knowledge and Participation Among Young Canadians and Americans». Pas besoin d‘enveloppe brune pour mettre la main dessus, c‘est sur le site Web de l‘IRPP. Le résumé est ici (en anglais, format pdf) et le rapport complet est là  (en anglais, format pdf)

Bonne lecture, et surtout, SURTOUT, déclenchez votre démarreur à distance AVANT d‘embarquer dans votre voiture, on ne sait jamais! :-) Poursuivez la lecture de «À soir, on fait peur au monde!»→

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois

Si nous étions titreurs au Soleil, c‘est le titre que nous aurions choisi (cliché, certes, mais tellement vrai dans ce cas-ci) pour cet article portant sur les plus récents travaux d‘Henry Milner sur le niveau de connaissance des enjeux politiques chez les Nord-Américains et qui tendent à démontrer que les jeunes Québécois francophones (pourquoi segmenter les Québécois entre francophones et anglophones?) sont plus politisés que leurs aînés, plus politisés que les jeunes d‘ailleurs en Amérique du Nord, mais avec un taux de politisation « assez bas ». À première vue, voilà des données qui vont dans le même sens (pour le Québec en tout cas) qu‘une autre étude réalisée récemment par Statistique Canada et dont nous vous parlions il y a quelques semaines.

À lire cet automne dans une bibliothèque universitaire près de chez-vous. Poursuivez la lecture de «Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois»→

L‘activisme politique au Québec et au Canada

Statistique Canada a dévoilé le 19 juin dernier les résultats d‘une étude portant sur la participation des Canadiens à des activités politiques autres que le vote. La sortie de cette étude avait été mentionnée dans plusieurs journaux les jours suivants, principalement pour souligner qu‘en dépit du fait qu‘ils votent moins que la moyenne, les jeunes de 19 à 25 ans sont ceux qui exercent le plus « d‘activités politiques » autres que le vote. Statistique Canada définit une « activité politique » comme étant « la recherche d‘information politique, le bénévolat pour un parti, l‘adhésion à un parti et le fait d‘écrire à un journal ou à un politicien pour exprimer son point de vue. » Une personne « active politiquement » serait donc un individu qui accomplit au moins une des actions ci-dessus au cours de l‘année où l‘enquête a eu lieu.

Parmi les Canadiens non-retraités âgés de 19 à 64 ans, 34% auraient exercé au moins une des quatre activités. 27% de l‘ensemble des répondants aurait fait de la « recherche d‘information politique », 13% aurait exprimé un point de vue dans un journal ou auprès d‘un député, 5% seraient membres d‘un parti politique et que 3% aurait fait du bénévolat pour un parti politique. Selon l‘étude, certaines catégories de personnes seraient davantage susceptibles d‘être actives politiquement, notamment les diplômés universitaires, les hommes, les jeunes de 19 à 25 ans et les personnes qui suivent régulièrement l‘actualité (particulièrement dans les journaux ou sur Internet). Pour ce qui est des jeunes, l‘activisme politique serait davantage répandu chez ceux dont les parents sont titulaires d‘un diplôme universitaire, dont les parents sont actifs politiquement ou qui font partie d‘une association étudiante ou d‘un groupe de jeunes. Malheureusement, l‘article ne contient pas de données ventilées par province ou par région métropolitaine.

L‘article en question a été publié dans l‘édition de juin 2007 de la revue Tendances sociales canadiennes. Quant aux données citées, elles proviennent de l‘Enquête sociale générale de 2003 sur l‘engagement social, qui porte sur diverses dimensions de l‘engagement social, notamment la participation sociale, incluant la participation à la vie communautaire, la confiance et la réciprocité. Cette étude a été réalisée au cours de l‘année 2003 auprès de 25 000 Canadiens âgés de 15 ans et plus et vivant dans des ménages privés dans les 10 provinces.

Les femmes députées: analyse comparative

En ce 8 mars, tandis que plusieurs groupes de femmes dénoncent le peu de progrès enregistré depuis 2003 quant au nombre de femmes candidates dans les trois principaux partis politiques, nous avons voulu comparer la situation québécoise par rapport à d‘autres parlements ailleurs au Canada et dans le monde (sur le plan strictement numérique, nous n‘avons pas les données et le temps disponibles pour faire une analyse qualitative qui prendrait en compte le rôle et l‘influence qu‘exercent les femmes au sein des pouvoirs législatif et exécutif).

Lors de la dissolution de l‘Assemblée nationale le 21 février dernier, 39 femmes y siégeaient, représentant ainsi 31,2% de l‘ensemble des députés (Note: 38 femmes avaient été élues le 14 avril 2003, mais le jeu des élections partielles a fait en sorte qu‘une députée s‘est ajoutée en cours de route. On avait même atteint les 40 députées ou 32% en septembre 2004.) Selon l‘Assemblée nationale, il s‘agissait de la plus importante délégation féminine en Chambre dans toute l‘histoire du parlementarisme québécois.

Où le Québec se classe-t-il par rapport aux autres provinces canadiennes et aux parlements nationaux dans le monde? Dans le cas des autres provinces, une visite rapide des sites web des différentes assemblées législatives nous a permis d‘additionner les chiffres suivants qui parlent par eux-mêmes:

  • Île-du-Prince-Édouard: 7 députées sur 27 (25,9%)
  • Ontario: 26 députées sur 103 (25,2%)
  • Manitoba: 13 députées sur 55 (23,6%)
  • Colombie-Britannique: 17 députées sur 79 (21,5%)
  • Terre-Neuve-et-Labrador: 10 députées sur 48 (20,8%)
  • Saskatchewan: 10 députées sur 55 (18,2%)
  • Nouvelle-Écosse: 9 députées sur 52 (17,3%)
  • Alberta: 12 députées sur 83 (14,5%)
  • Nouveau-Brunswick: 7 députées sur 55 (12,7%)

À l‘échelle mondiale, selon l‘Union interparlementaire (IPU), le parlement qui contient la plus grande proportion de députées est celui du Rwanda, qui comprend 39 femmes sur un total de 80 députés à l‘Assemblée nationale (48,8%). Un autre pays qui est près de la parité hommes/femmes est la Suède, où les femmes représentent 47,3% des députés au Riksdag (165 sur 349). Avec 31,2% de députées, le Québec suivrait l‘Allemagne, qui est au 15e rang mondial avec 31,6% de députées élues (194 sur 614) à la Chambre basse du parlement allemand, le Bundestag. Le Canada se classe au 47e rang – à égalité avec la Pologne – avec 20,8% de femmes à la Chambre des communes (64 députées sur 308). Le classement mondial de la place des femmes dans les parlements nationaux peut être consulté ici.

Bref, à l‘échelle canadienne et mondiale, le Québec se classe relativement bien par rapport aux autres juridictions, même si on est encore loin de la parité hommes/femmes à l‘Assemblée nationale (et encore, nous n‘abordons pas la question de la place des femmes au Conseil des ministre, tant en termes de nombre et d‘influence).

Reste à voir s‘il y aura du progrès à ce chapitre à l‘issue du scrutin du 26 mars prochain.