Le Directeur général des élections a dévoilé la semaine dernière les rapports financiers des partis politiques autorisés pour l’année 2006 (période allant du 1er janvier au 31 décembre 2006) ainsi que lors de l’élection générale du 26 mars 2007. Radio-Canada avait d’ailleurs fait la manchette là -dessus la semaine dernière en découvrant que 17 députés élus sous la bannière de l’ADQ lors de cette élection n’avaient fait aucune dépense électorale dans leur circonscription pour remporter la victoire (en fait, ce n’était pas des victoires totalement gratuites puisque certaines dépenses occasionnées par la permanence de l’ADQ avaient été faites dans ces circonscriptions, mais ce n’est pas un tour de passe-passe ni quelque chose d’unique au parti. d’ailleurs, cet élément était mentionné par Radio-Canada).
Les rapports financiers des partis politiques en dévoilent davantage sur leur santé respective qu’on pourrait le croire au premier abord. En effet, les rapports financiers des partis politiques autorisés et de leurs instances (associations de circonscription ou de région, etc.) contiennent des informations, vérifiées par un comptable agréé, sur les revenus tirés des frais d’adhésion. Donc, si on connaît le montant qu’une personne doit verser pour devenir membre d’un parti politique (vérification faite, c’est 5$ par année pour adhérer aux cinq principaux partis politiques), une simple règle de trois suffit pour connaître le nombre à peu près exact d’adhérents.
Ainsi, selon les rapports financiers des 12 partis politiques autorisés en 2006 (rapport couvrant la période du 1er janvier au 31 décembre 2006), le nombre d’adhésions au sein de chaque parti politique serait le suivant :
- Parti libéral du Québec: 83 313 adhérents;
- Parti québécois: 74 438 adhérents;
- Action démocratique du Québec: 5 119 adhérents;
- Québec solidaire: 4 686 adhérents;
- Parti vert du Québec: 924 adhérents;
- Parti démocratie chrétienne du Québec: 127 adhérents;
- Parti égalité: 35 adhérents;
- Parti marxiste-léniniste du Québec: ND (revenus d’adhésion: 835$);
- Bloc pot: ND (revenus d’adhésion: 500$);
- Parti unitaire du Québec: ND (revenus d’adhésion: 75$);
- Parti conscience universelle: ND (revenus d’adhésion: 0$);
- Parti communiste du Québec: ND (revenus d’adhésion: 0$).
Bien que les calculs ci-dessus soient relativement fiables, il y a tout de même un certain nombre de bémols à souligner :
- Membres «à renouveler» : Certains partis politiques ont pris l’habitude, lorsqu’ils diffusent des informations sur leur membership, de comptabiliser les membres «à renouveler» (ceux dont l’adhésion est échue depuis un certain temps, généralement moins d’un an) en plus des membres «en règle». Pour notre part, nous préférons souscrire au proverbe anglais disant que «Put your money where your mouth is»; une personne qui est sérieuse dans son affiliation partisane va payer en conséquence et à temps (surtout que 5$ par année, il n’y a pas de quoi ruiner personne). En outre, selon les statuts et règlements de la plupart des partis, un membre dont l’adhésion est «à renouveler» ne peut être actif dans les instances du parti (vote lors des assemblées générales, etc.) s’il n’a pas payé son renouvellement.
- Adhésions sur plusieurs années : la plupart des partis politiques permettent à leurs membres, s’ils le souhaitent, de payer leur carte de membre sur plusieurs années (jusqu’à trois ans). Or, comme les frais d’adhésion sont déboursés en une seule fois, le paiement total apparaît dans les livres comptables lors de la première année couverte par le versement, ce qui peut fausser légèrement le nombre total d’adhésions lors d’une année donnée. Toutefois, à notre connaissance, cette pratique n’est pas très répandue et la plupart des personnes qui adhèrent à un parti politique renouvellent leur adhésion annuellement.
Mais là où ça devient vraiment intéressant, c’est lorsqu’on analyse le membership sur plusieurs années. Une étude rapide des rapports financiers disponibles sur le site Web du DGE (à partir de 2000) nous permet d’avoir un bon aperçu de l’actualité politique depuis 2000.
Membership des principaux partis politiques québécois, 1999-2006 | |||||
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LIB | ADQ | PQ | VRT | UFP/QS | |
1999 | 71 860 | 2 223 | 65 221 | ||
2000 | 64 041 | 2 404 | 74 357 | ||
2001 | 92 013 | 2 759 | 71 991 | 103 | |
2002 | 97 612 | 36 520 | 67 556 | 189 | 174 |
2003 | 93 944 | 13 669 | 72 169 | 283 | 2 034 |
2004 | 61 867 | 3 414 | 72 416 | 380 | 1 092 |
2005 | 58 788 | 3 575 | 155 803 | 288 | 1 499 |
2006 | 83 313 | 5 119 | 74 438 | 924 | 4 686 |
Au Parti libéral, on peut observer que la variation du nombre d’adhérents suit les cycles électoraux, le membership du parti s’élevant lors des années pré-électorales et électorales. Pour ce qui est de l’ADQ, il a rarement dépassé le cap des 5 000 membres ces dernières années (en 2006, Québec solidaire a presque autant de membres que l’ADQ…), sauf pour les années 2002-2003 correspondant à la remontée du parti dans les sondages et les quatre victoires en élections partielles. Avec la percée survenue lors de la dernière élection générale, on peut penser que le rapport 2007 démontrera une hausse notable du nombre d’adhérents à l’ADQ. Quant au PQ, le membership est demeuré stable entre 1999 et 2006, sauf pour le « pic » de 2005 correspondant à la course à la direction cette année là . Quel effet aura la déconfiture lors de la dernière élection générale, la démission d’André Boisclair et/ou l’arrivée de Pauline Marois à la tête du parti? Selon un article du Devoir datant du mois dernier (accès réservé aux abonnés), le chiffre qui circulait il y a quelques semaines au PQ était un membership de l’ordre de 90 000 membres en règle depuis le retour de Pauline Marois.
Nous seront en mesure de le vérifier lors de la publication des rapports financiers 2007.