Le DGE a rendues publiques hier les «grandes lignes» des rapports financiers des partis politiques autorisés pour l’année financière 2008 (du 1er janvier au 31 décembre). Ces données incluent les résultats des instances politiques autorisées (associations de circonscription, associations régionales, etc.).
Déduire le membership d’un parti à partir de son rapport financier
C’est maintenant devenu une tradition sur ce site que de profiter du dévoilement des rapports financiers pour analyser le membership des partis politiques (nous l’avions fait pour les années 2006 et 2007). En effet, en vertu des règles de financement prévues dans la Loi électorale, les «revenus d’adhésion», soit «un montant de 50 $ ou moins payé annuellement par une personne physique à un parti pour en être membre», doivent être comptabilisés séparément dans les revenus.
Par conséquent, si on connait les revenus d’adhésion et le prix d’une carte de membre pour un parti politique donné, une simple règle de 3 suffit pour déduire le nombre de membres en règle.
Utile pour contrer le spin
L’avantage avec cette méthode, qui à notre connaissance n’est pas reprise dans les médias, c’est précisément de contrer le spin des organisateurs politiques qui ont la fâcheuse (et néanmoins compréhensible) tendance à gonfler leur membership. Un exemple tout récent: le journaliste Denis Lessard qui, il y a quelques semaines, avançait dans un reportage que
l’ADQ a déjà eu plus de 80 000 membres, en 2003,
chiffre vraisemblablement gonflé puisqu’une simple vérification dans le rapport financier vérifié par un comptable agréé en 2003 aurait démontré que l’ADQ et ses instances n’avaient recueilli que 68345$ en frais d’adhésion cette année là, ce qui donne 13 669 membres en règle (à raison de 5$ par carte de membre). Même en additionnant ce chiffre avec le rapport de l’année précédente (2002, la meilleure année de l’histoire de l’ADQ soit dit en passant), ça ne donne que 50 189 cartes vendues en 2 ans (dont plusieurs milliers de doublons issus de membres de longue date qui renouvellent annuellement leur adhésion)! Cet exemple particulier concerne l’ADQ, mais le même phénomène s’est déjà produit avec d’autres partis.
Les chiffres de 2008
Selon les rapports financiers des 17 partis politiques autorisés en 2008, le nombre d’adhésions au sein de chaque parti politique serait le suivant:
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Parti québécois: 71 283 adhérents;
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Parti libéral du Québec: 68 515 adhérents;
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Action démocratique du Québec: 12 275 adhérents;
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Québec solidaire: 5 673 adhérents;
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Parti vert du Québec: 1 006 adhérents;
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Parti indépendantiste: 627 adhérents;
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Parti démocratie chrétienne du Québec: 65 adhérents;
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Parti égalité: 3 adhérents (ben oui, 15$ de revenus d’adhésion en 2008!);
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Parti marxiste-léniniste du Québec: ND (revenus d’adhésion: 749$);
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Bloc pot: ND (revenus d’adhésion: 85$);
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Parti communiste du Québec: ND (Revenus d’adhésion: 0$);
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Parti durable du Québec: ND (Revenus d’adhésion: 0$);
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Union du centre: ND (Revenus d’adhésion: 0$);
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Affiliation Québec: ND (pas de rapport financier);
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Parti des immigrés du Québec: ND (pas de rapport financier);
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Parti république du Québec: ND (pas de rapport financier);
Évidemment, la nouvelle de l’année au chapitre du membership des partis politiques est la dégringolade du nombre d’adhérents à l’Action démocratique du Québec, qui passe de 25 887 (la 2e meilleure année de l’histoire du parti) à 12 275 en 1 an. Le nombre d’adhérents baisse également au Parti libéral du Québec et au Parti québécois, ce qui est pour le moins particulier lorsqu’on sait que le membership a tendance à augmenter plutôt que de diminuer lors des années électorales. Parmi les principaux partis, seul Québec solidaire est en hausse par rapport à 2007 (5 673 membres en 2008 vs 4 778 en 2007). Quant au Parti vert du Québec, il comptait un millier d’adhérents (1 006 en 2008).
